La Fashion Week de Londres dit non aux peaux d'animaux exotiques

La Fashion Week de Londres bannit les peaux exotiques de ses collections

Une nouvelle étape vers une mode plus éthique : la Fashion Week de Londres a décidé d’interdire l’utilisation de peaux exotiques telles que celles de crocodile ou de serpent dans les collections présentées sur ses podiums. Cette décision a été annoncée par David Leigh-Pemberton, directeur adjoint du British Fashion Council, lors d’un discours la semaine dernière. Elle fait suite à l’interdiction de la fourrure animale, en vigueur depuis 2023.

Bien que les créateurs qui participent à la Fashion Week de Londres soient souvent des designers émergents ou de taille plus modeste, moins enclins à utiliser des matériaux exotiques que les grandes maisons de luxe de Paris ou Milan, cette décision marque néanmoins un tournant historique. Londres rejoint ainsi d'autres acteurs de la mode engagés sur cette voie, comme la Fashion Week de Copenhague, qui a interdit les peaux exotiques et les plumes en mars 2024, et la fourrure dès 2022.

La fin de la fourrure : une tendance de fond

L’industrie de la mode a, dans l’ensemble, pris ses distances avec la fourrure animale. De nombreuses grandes marques, telles que Gucci et Chanel, ont déjà banni son utilisation. Cependant, le débat reste vif concernant les peaux exotiques, perçues comme un symbole de luxe et de rareté. Chanel a été pionnière en interdisant ces matériaux dès 2018, tandis que d'autres marques, comme Marc Jacobs, ont adopté cette mesure plus récemment. Toutefois, certains acteurs comme le groupe Kering – malgré son rejet de la fourrure – continuent d’utiliser des peaux exotiques, tout comme Prada. Hermès et LVMH, quant à eux, n’ont encore renoncé ni à la fourrure ni aux peaux exotiques.

Certains écologistes avancent des arguments en faveur d’une utilisation raisonnée des peaux de serpents, notamment lorsqu’il s’agit d’espèces invasives. Gabriela Hearst, par exemple, a récemment intégré du cuir de python dans sa collection printemps-été 2025, issu de l’entreprise Inversa, basée en Floride et spécialisée dans l’exploitation durable des pythons birmans. La marque italienne P448 utilise également cette ressource pour ses baskets.

Le dilemme autour de la fourrure et des alternatives

Dans ce contexte, de nombreuses questions émergent : la fourrure, qu’elle soit naturelle (jugée cruelle) ou synthétique (souvent pointée du doigt pour son impact environnemental), a-t-elle encore sa place dans la mode ? Le mouvement « no fur » pourrait-il marquer la fin de la fourrure dans l’industrie ? Comment concevoir des alternatives plus durables ? Ces interrogations reflètent la volonté croissante de réinventer l’identité même du secteur.

Une décision sous pression militante

Cette interdiction intervient également sous l’effet d’une pression accrue des organisations de défense des droits des animaux. Peta (People for the Ethical Treatment of Animals), notamment, s’est mobilisée durant le Fashion Month en perturbant des défilés de marques utilisant encore du cuir, des peaux exotiques ou de la fourrure. Selon Yvonne Taylor, vice-présidente de l’organisation, des milliers de sympathisants ont contacté le British Fashion Council pour réclamer cette mesure. Elle salue aujourd’hui les créateurs britanniques qui ont contribué à faire adopter cette politique.

Avec cette décision, la Fashion Week de Londres s'inscrit dans une dynamique de transformation qui pourrait influencer d’autres grandes plateformes de la mode à l’avenir.

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